Edition 2013
Félicia Atkinson
Prix Émile & Stéphy Languy
Comme dans ses musiques improvisées, composées de ‘loops’, de saturations et de perturbations, la pratique artistique de Félicia Atkinson est faite d’arrangements, d’improvisations, de visions et d’intrusions, où se mêlent éléments visuels, texte et son. Ces installations, souvent au sol ou contre un mur, peuvent être considérées comme les vestiges d’un cheminement mental ou comme de petites structures mystérieuses. Ses peintures, dessins et sculptures, souvent abstraits, sont influencés par la peinture américaine (Morris Louis, Cy Twombly, Richard Tuttle) et inspirés par des formes d’expression d’avant-garde dans lesquelles le hasard et l’absence de structure jouent un rôle (Fluxus, John Cage, La Monte Young).
L’installation qu’Atkinson a réalisée pour le Young Belgian Art Prize, THROUGH THE QUIET AXIS, ALL THE ROADS ARE CIRCULAR, fait référence à une pièce sonore plutôt longue, cosmique et contemplative qu’elle a composée il y a deux ans et qui est un hommage au peintre américain Lowry Burgess. L’installation se compose de différents éléments (aquarelles, grandes toiles, sculptures, livre) et de matériaux variés (bois, argile, papier, soie, images d’archives…). Présenter la musique en boucle, la métamorphose du dessin à la sculpture, la vague, l’abstraction, le transfert de l’atelier vers un lieu d’exposition, le refrain, la coïncidence, l’imagination, l’improvisation, le plan, le seuil : autant de questions qui sont abordées dans l’installation.
Félicia Atkinson vit et travaille à Bruxelles. Parallèlement à ses études d’anthropologie et de danse contemporaine, elle effectue également des études à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Son travail a été présenté à la Kunsthalle Charlottenborg à Copenhague, au Komplot à Bruxelles, au Overgaden à Copenhague, au CAC, La Criée Centre d’Art à Rennes et au MUCA ROMA à Mexico, entre autres. Atkinson a également publié une douzaine de disques et de livres, principalement chez Shelter Press.
°1981 (Paris, France)





Céline Butaye
Prix Émile & Stéphy Languy
Céline Butaye décrit ses œuvres comme des « attentes colorées », des réflexions sur le temps et l’espace, « elles essaient d’être une « mémoire du présent » (concept d’Henry Bergson), afin de pouvoir l’immortaliser. La découverte, la perte, l’oubli, la mémoire, l’attente, les coïncidences, les débuts et les fins, les limites, les changements, les erreurs et le contraste entre l’original et la réplique définissent son travail.
Réflexions. Special relativity; Chasing a Beam of Light (2013), une série d’œuvres délicates réalisée par Céline Butaye pour le Young Belgian Art Prize, présente une collection de rayons lumineux et de prismes faits maison de différentes tailles, opaques et transparents, avec et sans colorant. Butaye les a fabriqués avec de la résine époxy et du polyester, parfois avec de la teinture et beaucoup de papier de verre. Chaque prisme contient, réfracte, réfléchit et visualise la lumière. Certains prismes décomposent la lumière en ses couleurs spectrales, d’autres lui ajoutent de la couleur, brillent dans l’obscurité ou projettent simplement des ombres. D’une manière spécifique au site, des groupes de chercheurs de lumière sont répartis dans l’espace. Le sol et l’architecture forment les socles des prismes.
Céline Butaye vit et travaille à Gand. Elle a étudié le graphisme expérimental et la peinture à LUCA à Gand et est lauréate du HISK à Gand.
°1980 (Mouscron, Belgique)


Shelly Nadashi
L’œuvre que Shelly Nadashi a réalisée pour le Young Belgian Art Prize se compose d’une série de grandes affiches de contenants, d’épouvantails et d’une vidéo. Les épouvantails sont petits, mais assez grands pour rendre les petits enfants curieux ou effrayés. Par un trou dans le dos, quelqu’un peut prendre possession de son corps et le mettre en mouvement. La série d’affiches montre un pot projetant son ombre sur le papier dans diverses poses et qui a été capturé dans la peinture de telle manière qu’il rappelle les techniques d’impression primitives. Les poupées épouvantail et les affiches de pot sont reliées les unes aux autres de différentes manières. Le film A Place for Commas and Dots relie le mouvement rythmique et un monde imaginaire abstrait avec un texte parlé.
Le film raconte l’histoire de Mishka Kapoot, un proxénète de l’Union soviétique qui a fui à Bruxelles. Le monologue, raconté par l’artiste, est interminable, trop compliqué et surtout vulgaire, et décrit comment Mishka dicte une lettre de menace adressée à la femme d’un de ses complices. La complexité du récit amoral de Kapoot est illustrée et contrastée par le mouvement tournant d’un objet en papier mâché, où le langage de bas niveau et la technologie HD se rencontrent.
Shelly Nadashi vit et travaille à Bruxelles. Elle a étudié à l’École de théâtre visuel de Jérusalem et est titulaire d’une maîtrise de la Glasgow School of Art. Nadashi a exposé entre autres dans Manifesta 11 (2016), Dortmunder Kunstverein (2016), Extra City Kunsthal (2016), New Museum Triennial (2015) et a été présentée au Palais de Tokyo (2014) et au Wiels (2011).
°1981 (Haïfa, Israël)







Fabrice Pichat
Prix BOZAR
Fabrice Pichat nous rappelle le physicien et le musicien expérimental à la recherche du son juste ; pour le Young Belgian Art Prize il présente deux installations qui approfondissent ses recherches sur les vibrations. Dans Musique moins mélodie, des vibrations à basse fréquence sont transmises à une structure faite de clôtures de construction et de mousse. Dans ses expériences, il atténue progressivement le volume du ton produit par les clôtures et tente de se rapprocher le plus possible du silence tandis que visuellement la clôture apparaît de plus en plus floue et que les mouvements d’ondes sont visibles. Dans Construire, reconstruire, des morceaux d’une plaque de verre brisée sur des plaques de métal noir sont soumis à une vibration constante. Les morceaux de verre peuvent être déplacés pour être restauré sous la forme d’origine, ce qui peut être fait uniquement à vue grâce à la simplicité du modèle. Dans cette œuvre, Pichat fait référence aux salles de contrôle des usines où un opérateur se trouve derrière une cloison vitrée et manipule, observe et teste la pièce à distance. Dans sa configuration, la position de l’opérateur, en l’occurrence le public, a été réévaluée car il n’a aucun contrôle sur les mouvements ultra-lents des éléments en verre.
Fabrice Pichat vit et travaille à Bruxelles. Il est diplômé de l’École d’Art d’Annecy en 2015. Il a ensuite poursuivi ses études au sein de groupes de recherche tels que Mots de passe Mots d’ordre, a reçu une bourse de recherche du Pavillon, Palais de Tokyo et une bourse et un studio de production de la Jan van Eyck Akademie à Maastricht.
°1980 (Chambéry, France)



Jasper Rigole
Young Belgian Art Prize / Crowet
Depuis 2005, Jasper Rigole travaille sur son projet multimédia The International Institute for the Conservation, Archiving and Dissemination of Other People’s Memories (IICAVAH). Ce projet se concentre sur ses archives de films, de photos et d’objets 8mm. Cette collection en constante évolution se compose de « documents d’egos » trouvés, principalement dans les marchés aux puces et les magasins de seconde main. L’artiste transforme ces documents commémoratifs en œuvres d’art autonomes en utilisant des techniques de found footage telles que le « cut & paste ». Pour le Young Belgian Art Prize, Rigole a présenté deux installations cinématographiques, Temps Mort et Attraction, qui traitent chacune d’une catégorie de ses archives d’images 8mm.
Jasper Rigole a obtenu son diplôme du département de cinéma du KASK à Gand en 2004 et a ensuite obtenu un doctorat et un postdoctorat en art audiovisuel. Il a eu des expositions personnelles au S.M.A.K. à Gand (2009), au Z33 à Hasselt (2015) et au Brakke Grond à Amsterdam (2015). Son travail a également été présenté à la Triennale de Bruges (2021), au Kunsthal ExtraCity d’Anvers (2021) et à l’Université Jiao Tong de Shanghai (2013). Ses films ont été projetés dans des festivals tels que l’IDFA (Amsterdam), l’IFFR (Rotterdam), le BIEFF (Bucarest) et Courtisane (Gand).
°1980 (Bruges, Belgique)
















Helmut Stallaerts
Prix du public ING
Helmut Stallaerts est avant tout peintre, mais réalise également des installations, des photographies et des films. La figure du bouffon revient régulièrement dans son œuvre comme une réflexion sur sa position d’artiste et de l’art en général dans notre société. Le bouffon jouit d’une liberté exceptionnelle dans son rapport à l’ordre dominant, il peut dénoncer certaines choses et inspirer le public. L’ordre dominant est de moins en moins visible et dans la complexité de la société néolibérale « où tout peut être réalisé », il est de plus en plus difficile pour le bouffon d’accomplir ses tours. Stallaerts interroge sa position d’artiste face à cette situation : quelle expression artistique est encore possible dans un contexte où l’illusion de la vitesse et de la nouveauté, l’art comme marchandise, l’envie de nourrir son ego prennent le dessus et où l’on est trop souvent confronté à l’indifférence ? Les questions autour du pouvoir et des relations de pouvoir reviennent souvent dans l’œuvre de Stallaerts.
Helmut Stallaerts vit et travaille à Bruxelles. Il est diplômé de l’Académie Lukas à Bruxelles en 2004 et a terminé ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf. Depuis 2011, il enseigne à LUCA, campus Sint-Lukas Bruxelles, département de Peinture. Son travail a été présenté à la Warande de Turnhout (2004), au Mori Art Museum de Tokyo (2018), à La Maison Rouge de Paris (2012), à Be-Part de Waregem (2008) et au Museum Dhondt-Dhaenens de Deurle (2013).
°1982 (Bruxelles, Belgique)












Adrien Tirtiaux
Adrien Tirtiaux observe le monde et l’expérimente. Avec ses installations et ses constructions, il tente de saisir et de transformer notre rapport à l’environnement et d’interroger les processus de socialisation symbolique qui y sont associés sans s’en rendre compte. Pour le Young Belgian Art Prize, l’artiste a créé l’œuvre Mise à niveau, un long mur de 1,65 m de haut qui a eu un impact sur l’ensemble de l’espace d’exposition. Le travail a été accompagné d’une proposition aux autres finalistes de diviser l’argent des prix en 9 parts égales, soit de 6.944,44 € par part. Dans la version finale de Mise à niveau, Tirtiaux reflète le résultat de ses interactions avec les autres artistes, ainsi que sa propre ambivalence vis-à-vis de sa proposition. Il a commandé 1.500 blocs de béton nécessaires à la construction du mur prévu et en a utilisé certains pour s’enfermer dans son espace. En dialogue avec ce projet, Tirtiaux a montré deux interventions qu’il a réalisées en 2012 et qui témoignent d’un processus de négociation similaire. The Great Cut, réalisé au centre d’art Stroom à La Haye à la fin de l’année 2012, est une proposition à 18 employés d’amputer progressivement leur espace de travail de 21 %, soit l’équivalent des coupes budgétaires que le centre a dû subir en 2013. Le projet MONUMENTALE ACADÉMIE répond au prochain déménagement de l’École des Beaux-Arts de Tours. Tirtiaux a proposé aux professeurs et aux étudiants de construire une sphère monumentale de 10m de diamètre qui s’étend sur 3 étages.
Adrien Tirtiaux vit et travaille à Anvers et a une formation d’architecte. Il a eu des expositions personnelles à la Kunsthalle de São Paulo (2016) et à l’IKOB d’Eupen (2014), entre autres. Son travail a également été présenté à la Triennale de Bruges (2024, 2021), au M HKA d’Anvers (2021, 2019), à Marta Herford (2020), au Middelheim Museum d’Anvers (2018), au Kunstverein München (2017) et à l’Appel d’Amsterdam (2016). En 2018, il a reçu la Mention Marc Feulien de la Fondation Marie-Louise Jacque du Prix Bernd Lohaus.
°1980 (Etterbeek, Belgique)












Philippe Van Wolputte
Prix ING
Les installations, les interventions et les collages de Philippe Van Wolputte montrent ou suggèrent les possibilités de lieux abandonnés et négligés qui ont une fonction importante dans la mémoire et le paysage social d’une ville et, dans un certain sens, possèdent une beauté qui leur est propre. L’artiste capte l’interprétation de ses expériences lors des interventions et la manière strictement personnelle de voir ces espaces à travers des photographies, des vidéos et des collages. Dans ses installations, il donne une nouvelle vie à des lieux mystérieux qu’il découvre au cours de ses explorations. Il explore la fonctionnalité et les possibilités en transformant ces lieux en abris temporaires ou en ateliers pour les artistes. Dans les images et les documents qu’il réalise de ses interventions, il joue avec les fétiches de la documentation artistique. En conséquence, la fiction et la réalité se fondent l’une dans l’autre.
Dans sa vidéo Looking Back While Walking Forward, Van Wolputte suit un groupe de personnages dans une sorte de documentaire fictif et observe de près leur exploration urbaine derrière l’objectif. La véritable raison de leur exploration et de l’identité de ces personnes reste dans les limbes, ce qui donne lieu à un jeu de cache-cache aliénant entre fiction et réalité.
Philippe Van Wolputte vit et travaille à Anvers. Il est diplômé de l’Université Sint-Lucas à Anvers en 2006. De 2008 à 2010, il a été artiste en résidence à la Rijksakademie van beeldende kunsten à Amsterdam. Son travail a été présenté au M HKA d’Anvers (2021, 2015), à l’Anthology Film Archives de New York (2019), au Kumu Art Museum de Tallinn (2016), au SAVVY Contemporary de Berlin (2013) et au Zentrum Paul Klee de Berne (2008).
°1982 (Anvers, Belgique)



Le Jury
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Devrim Bayar
Curateur Wiels, Bruxelles
Belgique
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Florent Bex
Directeur honoraire M HKA
Belgique
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Thomas Caron
Curateur S.M.A.K.
Belgique
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Sonia Dermience
Fondateur et curateur Komplot
Belgique
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Luk Lambrecht
Programmateur artistique CC Strombeek
Belgique
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Pierre-Olivier Rollin
Directeur BPS22, Charleroi
Belgique
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Sophie Lauwers
Directeur des expositions à BOZAR
Belgique
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Jean-Pierre Van Tieghem
Critique d’art
Belgique
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Francesco Stocchi
Curateur et écrivain
Les Pays-Bas
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Magnus af Petersen
Curateur Moderna Museet
La Suède