2017
Denicolai & Provoost
Artistes multidisciplinaires, le duo italo-belge formé par Simona Denicolai et Ivo Provoost travaille avec de l’animation, des objets, des installations, de la performance, de la vidéo et de l’édition. Ils proposent volontiers des protocoles collaboratifs et processuels, parfois sur le long terme, parfois sous forme de performance ponctuelle, qui impliquent des collaborations avec des acteurs qui ne sont pas liés au monde de l’art, et qui sont à plein titre des constituants des mondes qui nous entourent. Ils empruntent souvent des éléments existants dans un contexte de les associer, dissocier, assembler les uns aux autres et formuler un langage. Ils fonctionnent d’avantage comme des intermédiaires entre les différents composants d’un contexte, pour les faire dialoguer au travers de leurs propres formes. C’est cette position de l’intermédiaire (ou de ‘régisseur du réel’) qui les intéresse le plus : quel est le rôle de l’artiste dans la cité ?
Le projet EYELINER que Denicolai & Provoost ont réalisé pour le BelgianArtPrize est consacré aux objets exposés dans les vitrines de petits commerces ou sur les appuis de fenêtre et, à travers eux, aux gens qui les y ont mis. Ces objets laissent entrevoir d’une manière plus intense les coulisses de la ville. Comme des réalisateurs créant des scénarios avec ce qui est disponible, les artistes montrent des objets qui traînent dans l’espace public et dévoilent le système nerveux de la société urbaine, puisqu’ils sont également présents dans notre conscience collective. Chaque objet individuel s’inscrit donc dans un discours plus large, intimement lié à l’histoire et à la particularité d’un lieu. L’exposition, qui existait en fait déjà dans la ville, peut être visitée après le 28 mai 2017 à l’aide d’un guide conçu par les artistes présentant les objets et leurs propriétaires, leurs adresses et leurs histoires.
Pour leur installation dans le BelgianArtPrize 2017, les artistes ont bénéficié du généreux soutien de :
Edith Dekyndt
Edith Dekyndt expérimente les possibilités des matériaux les plus ordinaires qu’elle incorpore dans le champ de l’art. Les considérations classiques sur les beaux-arts n’ont plus cours dans sa démarche, qui rompt avec le secret de l’atelier pour opérer à découvert, en complète immersion dans le monde. Ses œuvres nous invitent à changer non seulement notre regard mais aussi notre façon d’être et d’influer sur le monde.
La nouvelle œuvre They Shoot Horses qu’Edith Dekyndt a créée pour le BelgianArtPrize place le spectateur entre une géante tenture de velours perforée de clous d’acier et un écran sur lequel sont montrés de petits films d’archives faisant revivre les cruels marathons de danse des années 1930. Cette étoffe luxueuse et confortable faisant penser au rideau qui tombe après la représentation contraste violemment avec la froideur et la dureté des clous qui en sortent. L’installation renvoie au « rideau de fer » qui bloque l’accès Sud du Palais des Beaux-Arts depuis les attentats terroristes à Bruxelles, et par extension évoque les clôtures qui s’élèvent partout dans le monde. La pièce relie également l’histoire des reality-shows à la société d’aujourd’hui. Dans les extraits d’archives, qui montrent des couples dansant parfois pendant des jours et des jours jusqu’à l’épuisement total pour manger gratuitement et tenter de remporter une cagnotte, Dekyndt voit une résonance avec la situation dans laquelle beaucoup de démunis se trouvent aujourd’hui.
Maarten Vanden Eynde
La pratique artistique de Maarten Vanden Eynde mêle la sculpture, la photographie et l’installation, et est souvent liée au contexte. Du point de vue des changements suscités par la mondialisation, Vanden Eynde pose des questions sur l’évolution : qu’est-ce que le progrès ? Allons-nous de l’avant ? Où allons-nous ? Et pourquoi avançons-nous ? Ses œuvres se situent souvent à la limite du présent et du passé, anticipant l’avenir d’hier, ou revenant sur le passé de demain.
Pour le BelgianArtPrize, Maarten Vanden Eynde trace un triangle entre le commerce du coton et de l’uranium, le passé commercial de la Belgique et la capacité de chaque humain à réécrire l’histoire. Il présente trois œuvres faisant partie du projet de recherche à long terme Triangular Trade. Ils ont partagé le monde est une série de neuf peintures qu’il a réalisée avec le peintre congolais Musasa, faisant figurer les principales matières premières qui sont les fondements du monde tel que nous le connaissons. The Gadget est une version 3D en dentelle de la première bombe atomique, allusion au lien significatif entre coton et uranium. L’installation Around the World, une bobine en forme de fusée, symbolise le rôle capital joué par le coton à l’échelle globale.
Pour son installation dans le BelgianArtPrize 2017, l’artiste a bénéficié du généreux soutien de :
Otobong Nkanga
La pratique multidisciplinaire d’Otobong Nkanga couvre le dessin, la photographie, l’installation, la vidéo et la performance, et se concentre sur l’interconnexion entre l’environnement, l’architecture et l’histoire. Ses œuvres mettent en avant des préoccupations relatives au territoire, aux ressources naturelles, à l’architecture, à la valeur associée à ceux-ci et à la dynamique du souvenir. Ces thèmes de nature politique, principalement, sont intégrés dans des combinaisons poétiques de récits, souvenirs et concepts autobiographiques et collectifs.
Pour le BelgianArtPrize, Otobong Nkanga s’intéresse aux notions de corrosion, d’oxydation, d’imprégnation et de contamination. Avec trois tapisseries et une sculpture, elle continue son exploration des processus de transformation des matériaux en l’expérimentant tantôt avec des cristaux qui font corps avec une tapisserie (Steel to Dust – Slow Growth), tantôt avec une plaque d’acier rouillée qu’elle découpe au laser, évoquant ainsi l’effet de corrosion (Steel to Rust – Resistance), ou encore avec un textile qui s’imprègne lentement d’un liquide, contaminant ainsi le poème qui y est tissé (In a Place Yet Unknown). Elle s’inspire des modifications dans la société construite sur des valeurs apparemment inoxydables, mais où se cachent sous la surface des mécanismes (in)visibles d’altération, de cristallisation d’idéologies ainsi que la naissance de nouvelles structures, comme autant de signes de vie.